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Come to your senses Magazine

Taille [taj]

Chaque histoire a sa légende, et la taille de la vigne n’y coupe pas. Selon le mythe, l’inventeur de cette pratique viticole n’est autre qu’un… âne. Au IVème siècle, alors que le moine Saint Martin traversait les vignes en lianes de l’abbaye de Marmoutier, il s’assoupit un instant. L’âne qui l’accompagnait, bien éveillé, en profita pour brouter les sarments de vignes et n’en laissa que des trognons. Heureux hasard, les grappes de raisins issues de ces ceps ratiboisés furent plus sucrées et plus juteuses que celles nées des vignes jusqu’alors laissées en friche. C’est ainsi que serait née cette technique, aujourd’hui indispensable à une bonne récolte.

Tailler la vigne est un travail d’orfèvre auquel le viticulteur se plie chaque hiver en suivant le cycle végétatif. Car la vigne a son propre agenda et le viticulteur s’y adapte : dès le mois de novembre, la sève redescend dans les racines et, aux premiers jours de décembre, les feuilles rousses et or sont toutes à terre. Les vignes entrent alors en sommeil hivernal et leurs bourgeons en dormance.

Pendant ce repos bien mérité, le viticulteur empoigne son sécateur et prépare leur réveil en les taillant.
Ce travail est décisif : il permet de limiter un trop grand développement de la vigne, de réduire le nombre de bourgeons et donc de grappes, pour assurer la bonne croissance des raisins. Les vignes, toujours endormies, changent d’apparence en fonction du type de taille, courte ou longue, en Guyot ou en Cordon de Royat. Dans leur plus simple appareil, elles sont alors prêtes à laisser éclore leurs bourgeons.

Arrivent les lueurs de mars. La vigne se réveille doucement, ses racines se réchauffent et la sève s’élève jusqu’au bout des ceps. Elle les fait pleurer d’une petite goutte, perlant au travers des cicatrices des sarments taillés. Cette larme n’a rien de triste, au contraire : elle symbolise le réveil de la vigne, qui ne se rendormira que huit mois plus tard.


Tags : armagnac, artisanal, taille, mots